Lettre du 21 mars 1902 | ||
Lettre du 21 mars 1902
[Folio unique de deux pages 20 x 26 cm]
Montréal, 21 mars 1902
À Mademoiselle Attala MalletteVous m’avez donc déjà oublié, vous êtes donc absolument indifférente aux inquiétudes que me cause votre retard à répondre à ma dernière lettre. Depuis lundi, vous n’avez pu trouver quelques instants à consacrer à celui qui remplit, dites-vous, toute votre pensée; alors que moi je vous ai répondu avec tant de promptitude la dernière fois. Que voulez-vous donc que je déduise de votre manière d’agir à mon égard, sinon que votre amour s’éteint, se meurt, s’évanouit. Pâques sera-t-il le jour des adieux, après avoir été le jour des serments d’amour fidèle, de constance inébranlable? Je ne sais que penser. O! mon Attala chérie, est-il donc vrai [que vous] ne m’aimez plus, que déjà vous êtes lasse de mon amour? Dites, dites, méchante, voulez-vous m’abandonner? Pourtant, je vous aime toujours bien ardemment, bien sincèrement, de plus en plus. Attala, Attala, je vous en supplie ne tardez pas plus longtemps à me donner de vos nouvelles; écrivez de grâce dès ce soir; que la fatigue ne soit pas pour vous une excuse pour remettre à plus tard l’envoi de cette missive tant désirée. Croyez-vous que je ne sois pas fatigué moi, quand je commence à vous écrire, à une heure après minuit; cependant mon amour me fait oublier ma fatigue. De grâce qu’il en soit ainsi pour vous. Je vous le dis sincèrement, je ne puis pas passer la longue journée du dimanche sans nouvelle de ma bien-aimée Attala. Chérie de mon âme, écrivez-moi, n’est-ce pas? Je vous en supplie. N’en mettez pas long, si vous êtes fatigué, mais écrivez, au nom du Ciel, écrivez. Si demain, je ne reçois pas une lettre de vous, je vous croirai malade & alors quelles angoisses ou je croirai que vous ne m’aimez plus & alors quelle atroce douleur. Épargnez-moi cette douleur, ses angoisses, ses tortures, o! vous que j’aime si passionnement, si purement, si fidèlement,
Votre Émery bien peiné.
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