Mes racines / my roots

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Sermon aux funérailles
Mes racines / my roots

Le père Rolland Labrosse, s.j., un de mes pères spirituels:

Homélie pour les funérailles du père Rolland Labrosse
en l'église Notre-Dame-des-Neiges
le 28 avril 1993, à 10h


(Ce texte a été écrit à partir de l'enregistrement de l'homélie donnée à l'église.)


Les disciples d'Emmaüs, Luc 24, 13-16. 28-35
1ère lecture: 1 Cor 15,12. 16-20

Chers frères et soeurs,

Notre frère, notre ami, le père Rolland Labrosse a été brusquement rappelé vers le père durant le temps pascal, durant la période où la liturgie insiste de façon particulière sur la mort et la résurrection du Christ.

Cette coïncidence peut être pour nous une source de consolation. Elle nous aide a nous rappeler le lien qui existe entre la vie et la mort chrétiennes et la vie et la mort du Christ et son entrée dans la gloire.

Mais pour y arriver, il nous faut reconnaître que le Christ est ressuscité, croire qu'il a vaincu la mort et qu'il associe nos vies à ses souffrances, à ses joies, à sa mort, et que nous sommes destinés à connaître comme lui la résurrection.

Autrement, la mort, que ce soit celle de quelqu'un qui nous est proche, que ce soit celle que nous appréhendons pour nous-mêmes, n'a plus de sens. Nous n'allons nulle part. Nous nous sentons dans la situation des disciples d'Emmaüs après la mort de Jésus.

À la fin de la première lecture, nous avons entendu saint Paul nous dire ceci:

Si nous avons mis notre espoir dans le Christ
pour cette vie seulement,
nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes.
Mais non! le Christ est ressuscité d'entre les morts,
pour être parmi les morts le premier ressuscité.

Les disciples d'Emmaüs étaient complètement désemparés. Ils avaient perdu le Messie. Ils ont donc quitté Jérusalem puisque celui en qui ils avaient cru était mort. Dans une telle situation, il n'y avait vraiment plus rien à faire.

Les disciples d'Emmaüs avaient mis toute leur espérance en Jesus. Mais ils l'avaient mise pour cette vie seulement. Ils croyaient que Jésus venait pour établir un royaume terrestre. Et maintenant, Jésus mort, ils ne comprennent plus rien. Que voulez-vous qu'ils fassent? Ils étaient certains que ce Messie qu'ils attendaient depuis si longtemps, ils l'avaient enfin. Et voila qu'il meurt sur une croix. Nous espérions, disent-ils à Jesus. Il s'agit de l'expression d'un grand désarroi; ne plus espérer après avoir cru, c'est terrible. "Nous espérions". Cette parole m'a toujours semblé une des paroles les plus tristes de l'Écriture. Avoir espéré, avoir cru et, finalement, se trouver devant le vide... Il n'y a plus rien. C'est la situation des disciples d'Emmaüs. Et pourtant, c'est à Jesus qu'ils parlent. À Jésus ressuscité, à Jésus vivant, à Jésus qu'ils regrettent et qu'ils ne reconnaissent pas parce qu'ils ne sont pas encore entrés dans son monde. Ils ne sont pas encore entrés dans son monde parce qu'ils sont trop pris par ce qu'ils ont perdu pour voir ce qui leur est donné. Ils ont perdu un Messie à leur mesure, un Messie terrestre. Et voici que leur est donné le Fils de Dieu lui-même qui les invite à entrer dans sa vie, à le suivre jusque dans sa glorification.

Le Seigneur peu à peu, par ses questions, les amène à prendre conscience d'eux-mêmes. Il leur permet ainsi de se libérer de cette affectivité qui les aveugle. Les disciples d'Emmaüs se sentiront transformés: "Notre coeur n'était-il pas tout brûlant pendant qu'il nous parlait? Ils ont perçu, sans trop le réaliser, que Jésus était là. Et, à la fin, ils le reconnaîtront à la fraction du pain.

Quand ils ont reconnu la présence parmi eux de Jésus ressuscité, il disparaît à leurs yeux. Ils n'ont plus besoin de le voir. À l'avenir ils pourront le rencontrer dans leurs frères et soeurs. Ils aimeront leurs frères et soeurs comme ils aiment le Seigneur. Ils recevront de leurs frères et soeurs de l'amour et des attentions qui sont des manifestations de l'amour de Dieu. Les disciples d'Emmaüs retourneront à Jérusalem retrouver les apôtres, les disciples et les femmes qui suivaient Jesus. Ils retourneront dans l'Église parce qu'ils sauront que c'est là que se trouve la présence du Seigneur.

Nous avons à reconnaître la présence du Christ. Nous sommes chrétiens, pour la plupart d'entre nous, nous avons été baptisés, nous avons la grâce nécessaire pour vivre chrétiennement. Et nous avons à faire connaître au monde ce que c'est que la présence du Christ. Nous avons à témoigner des oeuvres du Christ, c'est-à-dire à agir maintenant à sa place, avec lui.

II y a des gens qui ne sauront jamais que le Seigneur les aime parce qu'ils n'auront pas rencontré quelqu'un qui les aime. Ils ne sauront jamais la qualité de l'amour du Seigneur, parce qu'ils n'auront jamais rencontré cette qualité chez les autres autour d'eux. Nous avons une responsabilité les uns à l'égard des autres.

Et je pense que le père Labrosse a vécu cela. II est passé en faisant le bien. Il est passé en faisant connaître l'amour du Seigneur. Bien souvent, simplement par sa façon d'être. Car Dieu sait s'il en a montre de l'affection et de la delicatesse! Je suis certain que lors de vos rencontres avec lui vous aviez l'impression d'être unique. Et vous l'étiez de fait pour lui. On avait l'impression que cette attitude était chez lui le fruit d'une qualité naturelle. Une qualité naturelle, c'est aussi un don de Dieu, qui rend plus facile le témoignage chrétien sur un point ou sur un autre. Et le père Labrosse, conscient d'être prêtre, religieux, chrétien, a grandement développé cette qualité.

La présence du père Labrosse dans sa famille, l'intérêt vrai qu'il manifestait pour tous les membres de sa famille, les visites qu'il leur faisait, la joie avec laquelle il les recevait, cela c'était le père Labrosse! Il me semble qu'en même temps il donnait un témoignage de l'amour du Seigneur. Chacun comptait pour lui, chacun était quelqu'un pour lui. C'est ce que nous sommes aussi pour le Seigneur Jésus, le Seigneur ressuscité qui continue à vivre parmi nous. Le père Labrosse, dans la famille, c'était devenu un grand-père, qui s'intéressait à tout. Et à mesure que la famille s'est agrandie, le coeur du père Labrosse s'est agrandi.

Et les amis du père Labrosse... J'ai examiné le fameux calepin du père Labrosse. J'en ai vu des noms dans le calepin du père Labrosse... J'en ai vu des numéros de téléphone et des dates d'anniversaires. Le père Labrosse était toujours présent dans vos vies. Et c'est comme ça qu'il pouvait vous faire comprendre son amour personnel et celui du Seigneur.

II avait des relations personnelles, le père Labrosse, et il savait aussi rendre personnelles les relations. II était près de ceux qui pour lui avaient un nom, et il était près aussi de ceux qui n'avaient pas de nom, perdus dans l'anonymat d'un groupe. Il s'est beaucoup préoccupé de trouver des vêtements pour les démunis. Il s'était beaucoup intéressé à la Saint-Vincent-de-Paul du collège. Et encore la semaine dernière il recueillait des vêtements qu'il allait porter dans des paroisses moins fortunées de Montréal. Cela, ça manifeste son coeur. Pas seulement pour ceux qui avaient un nom pour lui, mais aussi pour ceux qui étaient anonymes. Tous sont des fils de Dieu qu'il faut aimer et qu'on ne peut pas abandonner.

Les anciens du père Labrosse... Ils lui rendent eux aussi un témoignage. Les anciens du Collège Saint-Ignace, ceux de Jean-de-Brébeuf et de Saint-Boniface. Plusieurs des prêtres qui concélèbrent ce matin sont de ces anciens.

Les visites du père Labrosse n'étaient pas que sociales. Il transportait l'amour du Christ, l'intérêt personnel du Seigneur. Il savait écouter les confidences qu'on voulait bien lui faire et les accueillir avec la bonté et la compréhension du Christ. J'ai ces derniers jours entendu des témoignages, qui m'ont aidé à me faire une meilleure idée de sa personnalité. La présence du père Labrosse auprès de vous était bien souvent la présence du Christ, d'un Christ compréhensif, d'un Christ qui vous aborde avec un coeur miséricordieux, un coeur bon, un coeur capable de comprendre les misères.

Il était un homme, un religieux, un prêtre, mais j'ai le goût de dire aussi une légende. II était devenu une légende par sa façon d'être présent aux autres. Nous ne pourrons pas oublier cette manière-là.

II est retourné au Père pour attendre la résurrection. Il a maintenant des moyens qu'il n'avait pas de vous être présent. Jusqu'à maintenant il fallait attendre un téléphone, une visite ou bien il fallait réussir aussi à l'atteindre au téléphone, car il était souvent absent. Maintenant, vous pourrez vous adresser à lui n'importe quand, à n'importe quel moment: vous êtes sûrs que votre prière sera entendue et qu'il saura la faire passer auprès du Père. II reste au milieu de vous. Il vous a aimés, il continue à vous aimer et à vouloir vous conduire au Seigneur.

Maintenant, ensemble, nous allons offrir pour lui l'Eucharistie. Nous allons manifester notre présence de chrétiens, de parents, d'amis réunis pour la dernière fois autour de notre frère Rolland.


Léo Pigeon, S.J.




Jacques Beaulieu
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