Lettre du 10 février 1901 | ||
Correspondance d'Émery Beaulieu à Attala MalletteLettre du 10 février 1901
Folio unique de deux pages 20 x 26 cm
Montréal, 10 février, 1901
À Mademoiselle Attala Mallette, Ma Bien Chère Amie, Mon Dieu! qu'y a-t-il donc qui vous empêche de m'écrire. C'est aujourd'hui jeudi, & pas de lettre, pas de lettre! Avez-vous donc oublié qu'au No 1513 de la rue Ontario, il est quelqu'un qui se meurt d'angoisse à votre sujet. Un tel retard, eut été en toute circonstance, une négligence coupable, mais aujourd'hui, je vous dis que c'est un crime. Comprenez donc que mon inquiétude est indicible, que les tortures de mon âme me rendent l'étude impossible! Vous prétendez m'aimer, & vous me faites souffrir plus que ne le pourrait faire mon plus cruel ennemi. Il faut à tout prix que vous fassiez cesser cette terrible anxiété. Vous recevrez cette lettre à 5 heures, ce soir; mettez-vous de de suite à l'oeuvre pour me répondre, pour qu'à tout prix, je reçoive quelques nouvelles de vous dès demain; sinon n'attendez pas que j'ajoute foi à vos paroles quand vous viendrez me dire que vous m'aimez & que rien ne vous paraît difficile pour me prouver votre amour. Non! elle ne peut pas m'aimer celle qui me laisse ainsi souffrir, quand par un seul mot, elle pourrait guérir ma souffrance! Et si, hélas! vous êtes malade, incapable d'écrire, oh! vous trouverez bien quelqu'âme compatissante qui comprendra ma douleur & qui en sera touchée. Attala, ma bien-aimée, écrivez-moi à tout prix; je vous dis que depuis le jour où je vous connus, je n'ai pas encore souffert autant que je souffre aujourd'hui. Ainsi une lettre sans faute, demain & vous me soulagerez
Votre Émery en pleurs.
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